where are you edward snowden
niveau4
le courrier de russie
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Avez-vous déjà entendu l’expression « se refiler le Snowden » ? Si ce n’est pas encore le cas, sachez que cela ne saurait tarder.Cette expression est en passe de détrôner la célèbre "se refiler la patate chaude", qui commence à se faire vieille mais ne l’est pas encore assez pour avoir la classe d’être vintage. L’idée de "se refiler la patate chaude" a un côté scout délavé à côté de celle de "se refiler le Snowden", qui pourrait bien devenir l’expression hype du moment. Elle est à la patate chaude ce que chatroulette est au minitel. Et si la patate chaude sent le cramé, le Snowden lui, sent le kérosène.

Mais, parlons plus sérieusement, pourquoi se refile-t-on la pomme de terre ? Ce légume sooo terroir, qu’il est aisé de sublimer avec une pointe de beurre salé ou encore quelques oignons et du reblochon ? Pourquoi donc se faire passer la patate chaude ? Beaucoup seront d’accord : elle est bien meilleure chaude et fumante que froide, voire crue. La patate passe de main en main parce qu’elle est brûlante. On ne peut pas la tenir plus de quelques secondes sans prendre le risque de se faire une brûlure au second degré. Ainsi est-il courant de voir une patate sautiller quelques instants sous le nez d’un individu avant d’être balancée devant celui de son voisin. Mais ce que l’on ne dit jamais dans cette histoire, c’est que les lois de la nature sont telles que la patate finit toujours par refroidir. Heureux celui qui reçoit celle-ci lorsqu’elle est encore chaude mais que sa température est tolérable.

Le cas du Snowden est plus complexe, et on est en droit de se demander pourquoi. La réponse est simple : Snowden n’est pas un légume et il est en mesure de décider si oui ou non il souhaite se faire manger. Ce n’est pas ce qu’il désire semble-t-il, et on peut le comprendre. Mais Snowden va-t-il refroidir ? S’il reste trop longtemps sous la chaleur des projecteurs, il ne pourra pas pour autant se fondre dans la masse comme la neige au soleil. C’est ce que l’on pourrait appeler le paradoxe Snowden. À savoir que les humains sont capables de défier les lois que la nature leur a imposées. Qu’il sont capables de prendre délibérément le risque de se bruler s’ils considèrent que ça en vaut la peine.

Car Snowden aurait pu choisir de ne jamais s’approcher des feux de l’actualité, il aurait pu choisir de rester froid comme la glace pour garder sa place. Il semble qu’il ait préféré révéler au monde que tout n’est pas blanc comme la neige.